Attirés par le Programme des chaires de recherche Canada 150, deux spécialistes en sciences sociales s’illustrent au pays

Attirés par le Programme des chaires de recherche Canada 150, deux spécialistes en sciences sociales s’illustrent au pays


Date de publications : | Chaires de recherche Canada 150

Jennifer Welsh anime une table ronde sur les nouvelles menaces dans le cadre de la conférence Canada, the United States, and Emerging Security Challenges in the Arctic, qui a été tenue conjointement avec le Wilson Center, le 12 juin 2023. © Owen Egan et Joni Dufour

Jennifer Welsh anime une table ronde sur les nouvelles menaces dans le cadre de la conférence Canada, the United States, and Emerging Security Challenges in the Arctic, qui a été tenue conjointement avec le Wilson Center, le 12 juin 2023. | © Owen Egan et Joni Dufour

Après avoir mené des carrières impressionnantes en Europe et aux États-Unis, deux spécialistes en sciences sociales sont revenus au Canada grâce au Programme des chaires de recherche Canada 150. Dans le cadre de cette initiative, qui marquait le 150e anniversaire du Canada en 2017 et prendra fin en 2025, le gouvernement fédéral a investi 117,6 millions de dollars pour renforcer la capacité de recherche du Canada. L’intérêt suscité était mondial : des demandes ont été reçues d’expatriées et expatriés, d’universitaires ayant des liens avec le Canada et même de spécialistes qui n’avaient jamais mis les pieds au pays.

Ce programme est tombé à point nommé pour Jennifer Welsh, experte en affaires internationales, qui a rejoint les rangs de l’Université McGill à titre de titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 en gouvernance et sécurité mondiales. Originaire de Regina, Mme Welsh a travaillé en Europe pendant près de 20 ans, d’abord à la Oxford University, puis à l’Institut universitaire européen, en Italie. Pendant trois ans, elle a été conseillère spéciale pour la responsabilité de protéger auprès de l’ancien secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon.

Lorsque le Royaume-Uni a voté en faveur de sa sortie de l’Union européenne en 2016, la chercheuse s’est demandé si elle voulait retourner à Oxford. L’Université McGill s’apprêtait alors à monter une nouvelle école de politiques publiques à Montréal, et elle avait la chance d’y offrir son concours. « La possibilité de participer à la construction de quelque chose de nouveau à McGill m’intéressait vraiment », confie Mme Welsh.

Pour sa part, Azim Shariff, un psychosociologue originaire de Vancouver, avait remporté un prix en tant qu’étoile montante de son domaine et obtenu un poste de rêve à l’University of California, à Irvine. M. Shariff était installé aux États-Unis depuis huit ans, mais 2016 ayant été une période tumultueuse aux États-Unis, il était enchanté de retourner à Vancouver lorsqu’on lui a offert la Chaire de recherche Canada 150 en psychologie morale à l’University of British Columbia.

« Je suis ravi que le Programme des chaires de recherche Canada 150 ait permis de faire venir au Canada un groupe diversifié de chercheuses et chercheurs et de montrer l’engagement renouvelé du pays à l’égard de la recherche fondamentale », déclare-t-il.

Jennifer Welsh et Azim Shariff s’accordent à dire que le Canada est un lieu idéal pour poursuivre le travail qui les passionne.

Madame Welsh est impressionnée par la qualité du corps étudiant de premier cycle de l’Université McGill et souligne la facilité avec laquelle il est possible d’impliquer ses membres dans les activités de recherche.

Elle a eu l’occasion de conseiller le gouvernement du Canada, à Ottawa, où elle trouve que les responsables de l’élaboration des politiques sont engagés et ouverts à ses conseils. En outre, la proximité de Montréal avec New York, où se situe le siège des Nations Unies, lui est utile dans la poursuite de son travail de conseillère auprès de cette organisation mondiale. Elle est actuellement membre du groupe de spécialistes chargés de la protection des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (en anglais), qui est codirigé par la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Azim Shariff, quant à lui, fait l’éloge du département de psychologie de l’University of British Columbia, qu’il considère comme l’un des meilleurs au monde. « C’est extraordinaire d’y trouver autant de formidables collaboratrices et collaborateurs et de pouvoir échanger des idées avec des personnes aussi intelligentes », se réjouit-il.

Grâce au Programme des chaires de recherche Canada 150, le chercheur a pu réaliser de très nombreux projets et explorer de nouvelles avenues pour parler de sa recherche. Il a notamment transformé un article sur la moralisation de l’effort – qu’il avait rédigé en tant que titulaire de chaire avec la collaboration de Jared Celniker, alors étudiant de cycle supérieur – en une conférence TED (en anglais) qu’il a présentée à New York en février 2023. Au cœur de cette conférence, il pose la question suivante : pourquoi attachons-nous une valeur morale à l’effort dépensé, quel qu’en soit le résultat? En réponse à cette question, il imagine la possibilité de bâtir une meilleure culture du travail.

« Ma conférence TED semble avoir touché une corde sensible, car elle a été visionnée près de deux millions de fois », rapporte-t-il.

Avec l’aide de Nava Caluori, une ancienne étudiante de cycle supérieur, M. Shariff a également conçu et mené une étude impliquant plusieurs pays et portant sur le déclin de la religiosité et la montée de l’athéisme. Alors que les méthodes de recherche traditionnelles peinent à mettre en évidence l’évolution d’une question aussi personnelle, les travaux de M. Shariff ont montré que, par rapport à ce que laissaient supposer les analyses antérieures, beaucoup plus de personnes se considèrent, en privé, comme athées, notamment dans les pays où la pression culturelle pour afficher sa piété est forte.

Alors que le Programme des chaires de recherche Canada 150 prend fin en 2025, des titulaires de chaire comme Jennifer Welsh et Azim Shariff sont fiers de leurs accomplissements au pays et se réjouissent à l’idée de poursuivre dans cette voie.

La nouvelle École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill figure en tête de la liste d’impact de Mme Welsh. La chercheuse s’apprête aujourd’hui à prendre la direction de cette école qui accueillait sa première cohorte étudiante à l’automne 2019.

« Puisque les assises de l’école sont excellentes, il s’agit maintenant de passer au niveau supérieur, explique-t-elle. Je désire donner à l’école une orientation beaucoup plus tournée vers le monde, sur les plans tant de l’enseignement que de l’impact sur les politiques. »

Selon Mme Welsh, le Canada a besoin d’un espace de rassemblement pour mener d’importantes discussions politiques, car le contexte mondial évolue très rapidement et les institutions ont du mal à s’adapter. La montée des conflits, les migrations massives, le changement climatique et le populisme créent un monde nouveau et plus complexe. La chercheuse est elle-même passionnée par les politiques factuelles et aime faire découvrir aux étudiantes et étudiants les interactions entre l’élaboration des politiques et la politique partisane.

De son côté, Azim Shariff a mis sur pied le Centre for Applied Moral Psychology (CAMP) à l’University of British Columbia. Ce centre s’emploie à faire le lien entre les connaissances issues de la recherche fondamentale en psychologie morale et leur application à des problématiques du monde réel telles que la religiosité, l’effort au travail et les technologies émergentes.

Les nouveaux projets qu’il prépare présentement avec ses étudiantes et étudiants des cycles supérieurs en début de parcours portent sur les questions brûlantes de la politisation du politique et de la perte de confiance à l’égard des institutions. « Je crois que c’est le domaine dans lequel nous pouvons apporter la contribution la plus originale aujourd’hui, souligne-t-il. Nous cherchons à explorer de nouvelles pistes. »

Les universités canadiennes ayant attiré des chercheuses et chercheurs de l’élite mondiale, la prochaine génération de cadres d’entreprise, de responsables de la société civile et d’universitaires pourront bénéficier de l’enseignement des spécialistes les plus en vue.


Mots clés

  • Politiques factuelles
  • Changement climatique
  • Gouvernance et sécurité mondiales
  • Religiosité
  • Technologies émergentes
  • Psychologie morale
  • Migrations massives
  • Institutions
  • Athéisme
  • Populisme
  • Capacité de recherche

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