De la conception de robots thérapeutiques à l’établissement d’un laboratoire de recherche unique en son genre : pourquoi deux informaticiennes de renommée mondiale sont-elles venues travailler au Canada?
De la conception de robots thérapeutiques à l’établissement d’un laboratoire de recherche unique en son genre
Pourquoi deux informaticiennes de renommée mondiale sont-elles venues travailler au Canada?
Date de publications : | Chaires de recherche Canada 150
Il y a sept ans, le Programme des chaires de recherche Canada 150 faisait venir Margo Seltzer et Kerstin Dautenhahn au pays. Depuis, ces deux informaticiennes de renommée mondiale ont non seulement laissé leur marque dans le monde canadien de la recherche, mais elles sont aussi devenues citoyennes canadiennes.
Margo Seltzer, qui a passé les 25 premières années de sa carrière à la Harvard University, s’est installée à Vancouver en 2018 lorsqu’elle est devenue titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 sur les systèmes informatiques à l’University of British Columbia. Elle codirige aujourd’hui le Département de sciences informatiques de l’université. En 2023, elle a prêté serment de citoyenneté canadienne en ligne. En plaisantant, elle se rappelle le moment particulier où elle et près de 100 autres personnes ont fait de leur mieux pour chanter l’Ô Canada à l'unisson sur Zoom.
Quand l’University of Waterloo a approché Kerstin Dautenhahn pour lui proposer un poste de chaire de recherche Canada 150, celle-ci n’était jamais venue au Canada. Elle était professeure en intelligence artificielle à l’University of Hertfordshire, au Royaume-Uni, et ne cherchait pas activement un nouveau poste. Néanmoins, l’offre était alléchante : elle rejoindrait une faculté très réputée dans une ville technophile formidable, à une époque où le financement de la recherche en Grande-Bretagne était déstabilisé par le vote sur le Brexit.
« À la surprise générale, la première fois que j’ai mis les pieds au Canada, c'était pour mon entretien d’embauche en janvier 2018, raconte-t-elle. La décision a été tout aussi difficile que rapide : au final, mon mari et moi-même avons choisi de nous lancer. »
Depuis, à titre de titulaire de la Chaire de recherche Canada 150 en robotique intelligente, Kerstin Dautenhahn a créé le laboratoire de recherche en robotique sociale et intelligente de l’University of Waterloo.
Le Programme des chaires de recherche Canada 150 a été conçu pour engendrer un « afflux de cerveaux » dont ont fait partie Margo Seltzer et Kerstin Dautenhahn, afin de rehausser la réputation du pays en tant que centre mondial d’excellence en sciences, en recherche et en innovation à l’occasion du 150e anniversaire du Canada. Dans le budget fédéral de 2017, le gouvernement a investi 117,6 millions de dollars pour lancer le Programme, permettant ainsi aux universités du pays d’attirer des universitaires, des chercheuses et des chercheurs de premier plan qui étaient en poste à l’étranger (y compris des Canadiennes et Canadiens expatriés). Plus de 60 p. 100 des titulaires de chaire nommés étaient des femmes.
Pour Margo Seltzer, devenir titulaire d’une chaire de recherche Canada 150 représentait une formidable occasion de s’installer dans une ville qu’elle aimait, Vancouver, et de créer de toutes pièces le type d’environnement de recherche collaborative dont elle avait toujours rêvé.
« J’ai l’impression qu’aujourd’hui, avec six années de recul, c’est exactement ce que j’ai fait, confie-t-elle. Mon équipe et moi tenons des réunions hebdomadaires au cours desquelles nous lisons des articles et offrons aux étudiantes et étudiants la chance de faire des exposés pratiques et d’être valorisés en tant que membres du laboratoire. »
Margo Seltzer, qui adopte une approche holistique de l’étude des systèmes informatiques, souhaitait créer un espace où les personnes de divers horizons, chacune avec ses propres passions, pourraient travailler de façon interdisciplinaire et s’épanouir. Le laboratoire, nommé Systopia, compte près de 50 chercheuses et chercheurs – étudiantes et étudiants de premier cycle, chercheuses et chercheurs de niveau postdoctoral et membres du corps professoral –, qui collaborent pour faire évoluer les systèmes d’exploitation, la confidentialité en ligne, la gestion des données, la sécurité et l’apprentissage automatique. « Nous sommes un groupe incroyablement diversifié sur le plan international, précise-t-elle. Nous célébrons toutes les fêtes. »
À l’University of British Columbia, Mme Seltzer bénéficie également du soutien nécessaire pour mener davantage de travaux « à haut risque et à haut rendement » et établir des partenariats dans des domaines inattendus, comme le partenariat entre les systèmes d’apprentissage automatique et la chimie. Pensons, par exemple, au bras robotisé utilisé dans le laboratoire de chimie de l’université qui peut se déplacer pour mener des expériences. Il s’agit-là d’une réelle occasion de formation interdépartementale.
« Comment empêcher le bras robotisé de faire une erreur, comme cogner la tête d’une chercheuse ou d’un chercheur ou trop chauffer la plaque chauffante? Nous avons travaillé avec nos collègues pour mettre en place des mécanismes de sécurité pour ce type de système, explique Mme Seltzer. C’était très stimulant. »
Maintenant qu’elle a officiellement élu domicile à Vancouver, Margo Seltzer souhaite tisser des liens avec l’industrie au cours des prochaines années afin de concevoir des produits qui suscitent l’intérêt sur le terrain.
Kerstin Dautenhahn partage la même passion pour la recherche collaborative fondée sur les relations. Son équipe s’efforce de rendre les robots plus intelligents sur le plan social, afin qu’ils apportent une contribution plus positive à la société humaine.
« Je fais de la recherche fondamentale sur la robotique sociale et l’interaction entre l’être humain et le robot, mais j’aime particulièrement les projets axés sur l’application », indique-t-elle.
Madame Dautenhahn a été la première à mettre au point, au Royaume-Uni, une thérapie robotisée pour les enfants ayant des troubles du spectre de l'autisme – technique qui a gagné en popularité dans le monde entier. À l’University of Waterloo, elle a élargi ses recherches à un plus grand nombre d’enfants présentant des troubles de la parole et du langage. Ainsi, elle a lancé des projets avec des organisations locales telles que le KidsAbility Centre for Child Development, à Waterloo, et Kick Start Therapy, à Brampton. Son objectif : utiliser des robots pour que la thérapie et l’éducation soient ludiques pour les enfants qui bégaient, par exemple.
Elle collabore aussi avec un groupe de chercheuses et chercheurs de l’University of Waterloo spécialisés en optométrie, en ingénierie et en psychologie, pour mettre au point un robot social destiné à aider les enfants atteints d’amblyopie, parfois surnommée « œil paresseux ».
« Les enfants et les robots, c’est un mariage parfait puisque tous les enfants ou presque aiment les robots », remarque Mme Dautenhahn.
D’ici un an ou deux, elle espère voir passer deux projets du laboratoire au monde réel : un robot servant de coach en art oratoire et un robot offrant du soutien pour la santé mentale au profit du corps étudiant de l’université.
« Il est très difficile d’entrer à l’University of Waterloo, et nos étudiantes et étudiants travaillent très fort », ajoute Kerstin Dautenhahn. Je veux donc faire le nécessaire pour que mes recherches leur apportent quelque chose et les aident. »
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